Amazing Amazon Project
Amazing Amazon
La tribus Surui sur Google Earth
Lorsque le chef Almir Narayamoga Surui a aperçu Google Earth pour la première fois lors d'une visite dans un cybercafé, ce chef indigène a immédiatement capté son potentiel de conservation du patrimoine et des traditions de son peuple. En 2009, les équipes Google ont rendu visite au peuple Surui, et lui ont enseigné l'utilisation des téléphones mobiles et d'Open Data Kit pour signaler des cas d'abattage illégal. Cette volonté d’utiliser la carte comme d’un outil de lutte a été le point de départ de cette œuvre en chantier. Elle représente une cartographie de la forêt Amazonienne. Cette dernière s’étend sur neuf pays, mais c’est sur la partie brésilienne de la forêt qui représente 63 % de sa globalité que l’œuvre se focalise.
L’imaginaire occidental
L’actualité qui entoure cette forêt décrit un univers détruit par l’expansion des frontières agricoles et l’élevage massif de bovins, l’augmentation des feux, les scieries illégales, la corruption, la chasse et la pêche illicites, l’orpaillage illégal, l’extraction de pétrole et minerais, la pollution, le bouleversement des cours d’eau par les barrages ainsi que les altérations climatiques.
A l’échelle de la carte, ces différentes invasions du territoire sauvage sont racontées à travers des références au colonialisme et aux contes occidentaux. Quelle est la vision de la forêt qui se dessine à travers ces filtres ? Le filtre d’internet mais aussi des livres tels que l’Encyclopédie des animaux Larousse ainsi que les Fables de Jean de La Fontaine.
L’encyclopédie et plus généralement la classification scientifique répond à un besoin de comprendre le monde naturel et de l’ordonner, ils sont censés clore l’inventaire du monde.
Il rappelle ce rêve d’enfant de vouloir enfermer le monde dans une boîte, ou d’en créer un pour soi, le posséder. D’une certaine façon, encadrer un dessin revient à mettre un monde dans une boîte pour mieux l’observer. Sur cette carte, les zones les plus déboisées sont morcelées symboliquement en dessins de petit format.
Les cadres représentent cette volonté de contrôle et de possession qui gagne peut à peut du terrain sur les zones de forêt vierge.
Pourtant, l’agencement des cadres n’est pas symétrique et ordonné, avec du recul, les activités humaines forment une organisation chaotique et destructive. Enfin, les faux cadres en bois évoquent le voyage du bois de forêt jusqu’aux produits vendus en Europe.
© Copyright Sinem Bostanci 2021
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